En 1843, il arrive à Lanvéoc pour une étude archéologique en presqu'île de Crozon

Bachelot de la Pylaie


 Biographie : Auguste Jean Marie, baron Bachelot de La Pylaie est un botaniste, un explorateur et un archéologue français, né le 25 mai 1786 à Fougères et mort le 12 octobre 1856 à Marseille. C'est un botaniste et archéologue du début du XIXe siècle, doté d'une curiosité et d'une ouverture d'esprit peu commune. Il va faire ses études à Laval, puis à Paris, au Muséum national d'histoire naturelle où il fut l'élève de Georges Cuvier (1769-1832) et de Henri Marie Ducrotay de Blainville (1777-1850).

Il fut un grand voyageur, principalement à travers la France mais aussi en en Afrique et en Amérique et séjourne notamment deux fois dans les îles de Saint-Pierre-et-Miquelon.

En 1822, il explore durant plusieurs mois la presqu'île de Crozon

Après un séjour d'herborisation sur Belle-Île, il passe le mois de décembre et de janvier 1826 sur les îles d'Hoedic puis de Houat. En janvier, il s'attarde dans les îles, sympathise avec les habitants et entreprend de décrire leur vie, leurs activités, et l'histoire naturelle de leur environnement (à l'île d'Yeu, il était appelé "Le père goémon".)


Noël à Brasparts lors d'un séjour en 1843 de Bachelot de la Pylaie


 « Depuis longtemps, je désirais voir Braspars, cette antique paroisse fondée au VIème siècle, au temps de Clovis, par saint Javoua, disciple de Saint Pol de Léon. J'ai, en conséquence, traversé sans m'y arrêter le joli bourg de Pleyben, chef-lieu de canton, sans pouvoir fixer mon opinion au sujet de la beauté des femmes, qu'on met au premier rang, avec celles de Fouesnant, au sud de Quimper. Son église, assez remarquable, exige une prompte reprise en sous-œuvre de sa tour principale. Trop récemment bâtie, elle n'a pas droit à figurer parmi nos monuments nationaux antiques....Voulant voir une messe de minuit à Braspars, je partis de nuit de Pleyben pour ne pas manquer cette cérémonie: il était six heures du soir, et je fus réduit à faire les trois lieues de trajet d'un bourg à l'autre sur le nouvel empierrement de la chaussée, parce qu'il gelait à trois ou quatre degrés, et que mon cheval avait failli de s'abattre plusieurs fois en glissant sur le sol glacé du reste de la route. Je traversai ainsi sans m'en douter, le hend Ahès, chemin d'Ahès, qui se rend de Ker-Ahès, en français Carhaix, au Bec-du-Raz, vis-à-vis de l'île de Sein. Quoique favorisé pendant tout ce trajet par un magnifique clair de lune, je ne pus arriver qu'à neuf heures environ à Brasparts, à cause des précautions qu'il m'avait fallu prendre continuellement.

Je fus loger chez l'adjoint, qui fait aujourd'hui les fonctions de maire par suite du décès tout récent de celui-ci. C'est chez M. Messager, homme de capacité et le plus capable de bien diriger la commune; il tient la principale auberge du bourg. Après un souper qui me fit oublier l'horreur de la nature pour le vide de mon estomac, lequel durait depuis onze heures du matin, j'allai me mêler parmi le groupe de paysans réunis sous la halle, pour examiner leurs costumes et tout ce que peut offrir d'intéressant une nombreuse réunion pour un étranger.

Je vis là un usage local: tout ce monde, composé en grande partie de jeunes gens, d'enfants et de jeunes filles, se trouvait réuni autour de trois marchandes de gâteaux. Deux d'entre eux se présentaient à la fois, prenaient un gâteau dans le panier, puis le rompaient en le tenant chacun par un côté; et comme il renfermait une fève, celui auquel elle était tombée payait un sou, prix dudit gâteau. Ce passe-temps joyeux dura jusqu'à onze heures, moment où commencèrent les offices qui précèdent la messe de minuit. Toute la population y afflua; en attendant, je causai une partie du temps avec le brigadier de la gendarmerie, par lequel j'appris que le pays est en arrière de deux siècles par rapport au reste de la France.

La messe commença à minuit un quart, et fut suivie de la consécration des hosties pour les messes du lendemain, etc., ce qui rendit l'office d'une longueur mortelle pour moi peut-être tout seul, car, sous le rapport religieux, on en est encore ici au XIVème et Xvème siècles. Là je vis la résurrection de l'antique Michel Morin de nos chroniques, dans la personne de l'enfant de chœur, bedeau, servant et répondant la messe, chantre et moucheur des chandelles exiguës qui jetaient une lueur crépusculaire sur le lutrin. Notre omnis homo, ce cumulard bénévole, faisait face à tout avec la pratique du plus habile pilote lamaneur.

Pour arriver à une connaissance complète des usages religieux, j'assistai à la grand'messe du lendemain, et ayant reçu à midi mes bagages, je parus à vêpres en habit brodé. Cette tenue et ma recommandation ministérielle m'accréditèrent au complet dans le pays.". 

Bachelot de la Pylaie

source : ville de Braspart