La vie religieuse de Lanvéoc avant 1862

Lanvéoc était un démembrement de l'ancienne paroisse de l'Armorique primitive dénommée Plougrozon (Crozon).  Les deux chapelles Sainte Anne et Saint Joseph n' étaient que des trêves de cette grande paroisse,  qui dépendait de l’Évêché de Quimper.

C'est donc un des vicaires du curé de Crozon qui vient y dire la messe le dimanche "excepté les jours de grand fête". Les fidèles lanvéociens sont tenus de s'y rendre "comme vassaux, aux offices divins de la métropole".

En effet c'est encore jusqu'à Crozon qu'il faut se déplacer, pour les baptêmes, les mariages et les enterrements. Des enfants qu'on porte au baptême à Crozon en hiver et qui meurent de froid pendant le pénible trajet.

La chapelle de Saint Joseph fondée par Anne de Goulaine en 1620 :

Ces statuts de la Vierge Marie et de Saint Joseph de l'église actuelle de Sainte Anne, proviennent de la Chapelle Saint Joseph.


La chapelle Sainte Anne du 15/16ème siècle,  se trouvait dans le cimetière actuel :

Cette aquarelle retrouvée dans le grenier du presbytère, non signée, semble avoir été réalisée vers 1850.


Pendant la révolution, devant le refus du clergé de Crozon de prêter serment de fidélité à la constitution, les deux chapelles sont fermées au culte avant d'être pillées ou totalement détruites comme ce fut le cas pour la chapelle Saint Joseph :

Le 25 Août 1792, les prêtres réfractaires sont condamnés à l'exil dont :

Alain Jezequellou, né à  Combrit, Ie 2 Juin 1760, prêtre en 1789, desservait Ia chapelle de Lanvéoc. Insermenté, il se cache d'abord dans des familles amies, puis se réfugie à Jersey puis à Cadix d'où il revient en décembre 1792. Nommé recteur de Tréméoc, Ie 6mai1805, il y mourut Ie 27 septembre 1816. (Source diocèse de Quimper).

Alain Dumoulin  qui naquit le 8 novembre 1748 à Lanvéoc, trève de Crozon. Il devient en sortant du séminaire vicaire (1776), professeur, puis directeur (il y avait 9 directeurs et un supérieur) à Plouguerneau. Il était recteur d'Ergué-Gabéric lorsqu'éclata la révolution. Il émigra à Liège, puis à Prague en Bohème où il passa la plus grande partie de son exil comme précepteur. Il composa alors une grammaire Latine-Celtique.

Revenu en France  à l'époque du Concordat, l'abbé Dumoulin reprit son rectorat d'Ergué-Gabéric, mais pour peu de temps, car il fut nommé curé de Crozon en 1803.

Dès le 5 novembre 1805 il demande à l'évêque la réouverture de Sainte Anne. La chapelle fût alors restaurée avec des matériaux et des ornement pris dans la chapelle de la vierge de Port Salut en l'Aber


Le Baron de la Pylaie, qui a visité la chapelle Sainte Anne en 1843  indique : "L'église forme qu bâtiment de peu d'élévation, extrêmement simple et d'un reconstruction toute récente. N'ayant point de clocher primitivement, les habitants prirent les matériaux de celui de la chapelle de la Vierge de Port-Salut, lorsque celle-ci tomba en ruines. Ce clocher porte la date de 1573, laquelle doit être aussi celle de la dite chapelle. Il ne présente pour placer la cloche qu'une fenêtre allongée". 


En 1852, Hippolyte Violeau  (Poète Breton - Archiviste bibliothécaire de Brest ) relate dans une de ses lettres :

"Lanvéoc est une pauvre bourgade où les toits couverts en ardoises ou en chaume apparaissent au milieu de quelques arbres, au-dessus desquels s'élève le petit clocher en flèche de Sainte Anne, enlevé dit-on à la chapelle de Ports Salut par un curé de Crozon, ce qui mérita à ce dernier, en pleine grand messe et lorsqu'il faisait son prône, deux bons soufflets de Notre Dame. Il faudrait pourtant à Lanvéoc autre chose que ce clocher.

C'est un prêtre de Crozon qui vient tous les seconds dimanches dire la messe dans cette chapelle et, quand il ne vient pas, les habitants de Lanvéoc sont obligés de faire une lieue pour aller entendre la messe à Crozon. Depuis peu on leur a accordé un adjoint et cet adjoint leur promet qu'ils auront bientôt un curé et un maire.

L'église de Lanvéoc ne nous offre à l'intérieur qu'un tableau fort grossier ou nous voyons , en relief, Saint Martin partageant son manteau, dont il donne la moitié à un pauvre. En ex-votos "Toujours des petits navires et des œufs d'autruches" (extraits des lettres publiées dans le numéro 3 (juillet - septembre 1971)des cahiers de l'Iroise)

(Source : Lanvéoc Poulmic Mémoire de Rade : René Martin & Michel Baraer)