Le Bourg de Lanvéoc

Dès le 15e siècle, la liaison entre Brest et Lanvéoc devait être prospère.

En effet, le Vicomte de Rohan, seigneur de Crozon, obtient du Duc Jean V en 1423, le droit de prélever 30 sous de nouvel impôt sur chaque tonneau de vin « entrant et déchargeant au port de Lanvéoc".

 Alors que l´activité économique est essentiellement maritime, le bourg s´est, étonnamment, construit en hauteur, par rapport au port. 

La chaussée étant empruntée par des cavaliers, des colonnes de troupes, des convois, des charrettes et des diligences venant de Quimper, la voie principale du bourg est très large. 

La voie du port jusqu'au bourg (actuelle route du Fort, rue du Voelaz) est pentue et il faut de robustes attelages pour y tirer les charrettes lourdement chargées. Un chemin empierré relie la route principale à la "p'tite grève" . Un raccourci permet de gagner la grand'rue plus rapidement, il est lui aussi très raide, il sera nommé "garenne casse-cou" (actuelle venelle du Fort).   

Traversée de Locronan, Route de Quimper à Lanvaux (archives du Finistère)



Physionomie du bourg


Le bourg de Lanvéoc en 1843 par le baron 

Bachelot de la Pylaie (qui adressa un mémoire au Ministre de l'Intérieur pour que Lanvéoc soit une commune normale pourvu d'un Maire, d'un Curé, d'un Instituteur...

"Lanvaux qu'on appelle Lanvéoc en breton, est situé sur une côte élevée, nue, battue par les vents ; mais le bourg nous présente beaucoup d'ormes plantés autour des maisons, sur les clôtures des jardins et des champs qui les avoisinent. On y trouve une rue large, droite, et  bordée sans interruption de maisons couvertes en ardoises qui ont  presque toutes un étage au-dessus du rez-de-chaussé. On en remarque même qui ont une certaine apparence nobiliaire et paraissent remonter au XVème ou XVIème siècle ; elles appartiennent à la famille Jamault dont les membres occupent de père en fils les premiers emplois de l'endroit...

"L'église est un peu à l'écart, du côté du Levant. Aujourd'hui Lanvaux renferme plus de 350 individus : ce sont des marins, des pêcheurs, des cultivateurs, quelques artisans. Plus des trois quart ne savent ni lire ni écrire, malgré leurs rapports continuels avec Brest. Presque tous les ménages ont quelques lambeaux de terre autour du village, mais ces portions de champs ne suffisent point aux besoins de la famille. Beaucoup de garçons gagnent quelques sous en accompagnant les chevaux de louage qui transportent les voyageurs à Quimper, à Douarnenez ou à Locronan. C'est du reste une population docile, pleine de confiance en ses chefs et qui se prête bien volontiers à ce qu'ils exigent.

"Lanvaux forme un véritable bourg par le nombre de ses habitants, surtout quand on songe à Telgruc, à Argol à Saint Nic qui n'ont que cinq à six maisons autour de leur église. Je crus, par conséquent, en y entrant, me trouver dans un bourg constituant une commune normale, pourvue d'un maire, d'un curé, d'un instituteur, d'un notaire et d'une boîte aux lettres. Mais quelle fut ma surprise quant on me répondit : "Nous n'avons rien de cela ! Pour le salut de nos âmes, tous les dimanches, l'un des cinq vicaires de M. le Curé de Crozon vient nous dire une messe, excepté les jours de grande fête où nous sommes tenus de nous rendre à Crozon, aux offices divins de la métropole". 

"Naît-il un enfant ? Avons-nous quelques actes notariés à faire ? nous ne pouvons ni enrôler le nouveau-né dans la catégorie des fidèles ni traiter des affaires qui requièrent le ministère d'un officier public. Il nous faut alors nous rendre à Crozon, notre métropole, mais qui a toujours traités en véritable marâtre.

"Avons-nous une lettre à mettre à la poste ? nous n'avons pas de boîtes aux lettres.

"Si quelqu'un meurt, c'est encore jusqu'à Crozon que nous sommes réduit à porter le corps du défunt, et Crozon est à plus d'une lieu et demis de distance. Il n'y a pas, dans toute la Bretagne, de chemin vicinal plus mal entretenu que celui qui va de Lanvaux à Crozon.

Des mères de famille m'ont dit que des enfants qu'on portait au baptême en hiver, étaient morts, saisis de froid pendant ce pénible trajet. Pendant plus de six mois ce ne sont que fondrières, outre deux ruisseaux qui, aux moindres crues, couvrent leur chétifs ponceaux et les rendent impraticables. Plusieurs femmes m'ont assuré qu'elles avaient eu de l'eau jusqu'à mi-corps en passant par ces ponts. Et qu'on se figure l'embarras d'une noce en pareil cas : il doit être aussi contrariant que pittoresque !...

"Chaque année fait donc sentir de plus en plus la nécessité de la disjonction de Lanvaux de son chef-lieu. Il faudrait y construire une halle, dont le premier étage aurait mairie, école communale et caserne ; 10 à 12 000 francs suffirait pour cela. Il faut avant tout que Lanvaux cesse d'être sous le joug trop égoïste de l'administration de Crozon : il lui faut un maire, un curé, un instituteur.

"J'ai fait un mémoire à ce sujet que j'adresserai prochainement à M. le Ministre de l'Intérieur".

Bachelot de la Pylaie