La chapelle Sainte Anne

Cette chapelle tréviale (sans desservant à demeure) date du 15/16ème siècle,  était en forme de croix latine, elle occupait avec sont placître (terrain entourant la chapelle) la partie Nord du cimetière actuel 6 ares 20 au total. Sa longueur était de 23m, sa largeur à la nef de 5 m, au transept de 17 m.

 

Elle a vu les mariages de Yves Pallut, sieur de Rosvian et de Marie Magdeleine Le Gallo, dame de Trouerin en 1710 et le 16 novembre 1772 celui d'Augustin Dufour, Agent des Fermes et de Barbe Le Baron veuve de Pierre Graveran.

La Chapelle est taxée à 9 livres, chiffre important, au rôle des Décimes en 1789.

Pendant la révolution : Devant le refus du clergé de Crozon de prêter serment de fidélité à la constitution les deux chapelles sont fermées au culte avant d'être pillées ou totalement détruites comme ce fut le cas pour la chapelle Saint Joseph.

  • Le 25 Août 1792, les prêtres réfractaires sont condamnés à l'exil dont :
    • Alain Jezequellou, né à  Combrit, Ie 2 Juin 1760, prêtre en 1789, desservait Ia chapelle de Lanvéoc. Insermenté, il se cache d'abord dans des familles amies, puis se réfugie à Jersey puis à Cadix d'où il revient en décembre 1792. Nommé recteur de Tréméoc, Ie 6mai1805, il y mourut Ie 27 septembre 1816. (Source diocèse de Quimper).
    • Alain Dumoulin : Prêtre et écrivain Breton,  naquit le 8 novembre 1748 à Lanvéoc, alors trêve de la paroisse de Crozon. Il devient en sortant du séminaire vicaire (1776), professeur, puis directeur (il y avait 9 directeurs et un supérieur) à Plouguerneau. Il était recteur d'Ergué-Gabéric lorsqu'éclata la révolution. Il émigra à Liège, puis à Prague en Bohème où il passa la plus grande partie de son exil comme précepteur. Il composa alors une grammaire Latine-Celtique. Revenu en France, à l'époque du Concordat, l'abbé Dumoulin reprit son rectorat d'Ergué-Gabéric, mais pour peu de temps, car il fut nommé curé de Crozon en 1803. Dès le 5 novembre 1805, il demande à l'évêque la réouverture de Sainte Anne. (Il devint successivement ensuite chanoine honoraire, curé de la cathédrale de Quimper [où il est mort] le 11 mai 1811. Il est enterré au cimetière Saint-Louis à Quimper  Il était l'oncle de Mgr Graveran, évêque de Quimper).

La cloche de la chapelle avait été descendue le 10 Février 1793, elle ne fut remplacée que le 16 septembre 1821 par une nouvelle cloche du poids de 92 livres (46 kg). Elle avait été mise à la disposition du curé de Crozon le 1er avril 1804 sur intervention du Maire le Gros le 23 mars. 

La nouvelle cloche fut fondue par le Beurier de Brest et bénite par Pierre Marie Inizan, Curé de Saint-Sauveur de Brest Recouvrance, elle portait l'inscription suivante : Fondue pour la chapelle Sainte Anne de Crozon nommée par M. Jamault Adjoint Maire à Lanvéoc et Demoiselle Eugénie Letitia Peron à Brest 1821.

La chapelle fut restaurée en  avril 1840 avec des matériaux et des ornement pris dans les ruines de la  chapelle de la Vierge Notre Dame de Port Salut, non loin du moulin de Ronvarc'h au fond du vallon de l'Aber.

Ce que confirme ces écrits du Baron de la Pylaie et Hippolyte Violeau :

  • Le Baron de la Pylaie, qui a visité la chapelle Sainte Anne en 1843  indique : " Quant à l'église, elle est de grandeur suffisante pour la population actuelle, et comme elle est placée à l'écart, le cimetière qui l'entoure est là sans inconvénient pour la salubrité publique. On peut, au reste, agrandir celui-ci sans frais, au moyen d'un terrain communal qui l'avoisine.  L'église forme un bâtiment de peu d'élévation, extrêmement simple et d'un reconstruction toute récente.

Il est d'orient en occident, muni d'un transept, et ne nous présente, pour fermer le parallélogramme du côté de l'est, qu'un simple pignon carré, avec une fenêtre centrale ; c'est là son abside ou chevet. N'ayant point de clocher primitivement, les habitants prirent les matériaux de celui de la chapelle de la Vierge de Port-Salut, lorsque celle-ci tomba en ruines. Ce clocher porte la date de 1573, laquelle doit être aussi celle de la dite chapelle. Il ne présente pour placer la cloche qu'une fenêtre allongée. Au dessus de la porte occidentale, ont voit une sculpture en granit, qui représente une espèce de chien couché à plat ventre et dont les pattes sont en avant. Ce travail est d'une grossièreté qui le ferait regarder volontiers comme de l'an  1000 à 1 100. Cette chapelle est sous l'invocation de Sainte Anne. De son côté méridional se trouvait un petit menhir haut de quatre pieds, brut, avec ses faces principales au nord et au midi ; il a été enveloppé dans la muraille, de sorte qu'il n'en reste plus rien de visible. J'ai remarqué près du maître-autel un bas-relief en forme de tableau sculpté sur bois : il représente peut être Saint Martin sous la forme d'un cavalier, armé d'un glaive qu'il tient élevé  obliquement de droite à gauche. Derrière le cheval se trouve un malheureux presque nu, qui paraît malade et se tient appuyé sur une béquille, Il regarde le saint, dont il semble implorer la bienfaisance et relève, avec la main droite, l'étoffe qui lui enveloppe le corps". 


En 1852, Hippolyte Violeau  (Poète Breton - Archiviste bibliothécaire de Brest ) relate dans une de ses lettres :

"Lanvéoc est une pauvre bourgade où les toits couverts en ardoises ou en chaume apparaissent au milieu de quelques arbres, au-dessus desquels s'élève le petit clocher en flèche de Sainte Anne, enlevé dit-on à la chapelle de Ports Salut par un curé de Crozon, ce qui mérita à ce dernier, en pleine grand messe et lorsqu'il faisait son prône, deux bons soufflets de Notre Dame. Il faudrait pourtant à Lanvéoc autre chose que ce clocher.

C'est un prêtre de Crozon qui vient tous les seconds dimanches dire la messe dans cette chapelle et, quand il ne vient pas, les habitants de Lanvéoc sont obligés de faire une lieue pour aller entendre la messe à Crozon. Depuis peu on leur a accordé un adjoint et cet adjoint leur promet qu'ils auront bientôt un curé et un maire.

L'église de Lanvéoc ne nous offre à l'intérieur qu'un tableau fort grossier ou nous voyons , en relief, Saint Martin partageant son manteau, dont il donne la moitié à un pauvre. En ex-votos "Toujours des petits navires et des œufs d'autruches" (extraits des lettres publiées dans le numéro 3 (juillet - septembre 1971)des cahiers de l'Iroise)


Voici une aquarelle représentant la chapelle Saint-Anne. Cette œuvre non signée - retrouvée dans le grenier du presbytère - permet de savoir enfin à quoi ressemblait la chapelle Sainte Anne de Lanvéoc. Cette aquarelle véritable document d'archive semble avoir été réalisée ver 1850. Jusqu'alors, malgré les recherches auprès de la population, personne n'avait pu fournir le moindre dessin. A présent cette modeste bâtisse entourée de tombes à une représentation qui la fait ressurgir du passé. La chapelle d'après l'ancien cadastre était sise contre le mur, à proximité du monument aux morts d'aujourd'hui. 

Elle devint église paroissiale les 15 et 28 août 1862. Cette année là elle ne versa rien à Crozon, elle est même indiquée comme détruite. En 1864 il n'en  est plus question.

En 1869 le culte fut transféré dans une église provisoire (écurie d'un ancien relais de poste en bas de la Grand'rue) et la chapelle fermée sur ordre du préfet le 23 mars 1870 sur un rapport de l'architecte Boyer. La cloche fut descendue et le mobilier déménagé. Il était temps, le côté Nord du bâtiment s'écroula lors d'une tempête qui a secoué la presqu'île du  26 au 28 septembre 1871.  Il ne reste de cette vieille chapelle que le clocheton (qui est exposé à l'extérieur de l'église Sainte Anne) un bénitier, le Crucifix de 1867, les statues de Sainte Anne et de Saint Joseph, une petite Vierge à l'enfant, le portail ouest et le petit chien de granit.